Le jour où ...

Le jour où j'ai appris que je ne savais pas tailler les arbres.

C'est curieux la vie. Curieux aussi les gens. 

Jusqu'à, il y a 2h00, il y a des choses que je tenais pour acquis. Acquis et depuis longtemps.

ça ne fera pas très modeste, mais il y a pas mal de choses que j'ai réussi dans ma vie, sur ma liste de "quand j'étais petit".

En gros, j'ai fait ma maison, j'ai eu un élevage de chevaux, restaurer ma vieille Juva4, Lambretta (etc etc),  j'ai une famille et une vie de famille que j'estime épanouie, mes petits arbres en pot sont regardables.

Côté vie professionnelle, j'ai eu des métiers super épanouissants, genre quand je bossais en prison ou bien quand je travaillais en SAP (atelier protégé), fait des rencontres incroyables quand je bossais en maraîchage bio, c'est d'ailleurs grâce à ces rencontres que je ferais ma maison (en colombage et paille)... Mon métier de paysagiste, je l'ai voulu, j'ai travaillé dur dans les différentes écoles où je suis passé et me suis investi autant que j'ai pu (mes parents également, surtout financièrement). Bref, mes trois diplômes en poche (BEPA, BAC Pro et BTS), parce que "stay at school" qu'on nous disait à l'époque, je ne les ai pas volés et c'est assez serein que j'ai ouvert la porte de cette vie professionnelle. 

Si il y a un truc qu'on ne nous apprend pas ni à l'école, ni dans les livres, c'est bien à quel point, dans cette vie professionnelle, on tombera de déconvenues en désappointements... 

Dimanche, soit il y a deux jours, j'étais sur une petite bourse aux plantes, pour faire la promotion du petit club bonsaï que j'ai créé tout à côté de chez moi. Forcément, j'avais un linéaire d'arbres. Et bien qu'il y ait des détracteurs aux bonsaï, il y a surtout toujours beaucoup plus de gens pour trouver l'ensemble intéressant, et tout autant pour les conversations et les rencontres qui en découlent...

Et donc c'est sur un joli petit nuage auréolé des louanges que je reprendrais le boulot. 

Et dans une conversation, sur le principe anodine, j'apprendrais d'une de mes supérieures, qu'une personne est venue évaluer mon travail et qu'il en découle que je ne sais pas tailler les arbres et "que dans deux ans, grand max, ils seront tous morts"...

Boum.

Prends sa dans ta tronche !  ça fait redescendre du petit nuage, hein. 

Le pire c'est que ce n'est certainement pas gratuit et qu'il est fort probable que sous cette phrase "couperet", il y aura peut-être ma tête.  

La personne en question ? Une sommité, paraît-il... Bon. En attendant, ça permet, une nouvelle fois, de se remettre en question. 

Forcément, en revenant à la maison, après être passé nourrir les chevaux et autres animaux, j'ai fait le tour de mes arbres en pots. 

J'ai longuement regardé les arbres, les grands arbres, en pleine terre, que je travaille depuis 1996. 

Bon, pour le moment, et contrairement aux paroles de cette illustre et gentille personne, tout le monde semble être "en plein boum" du printemps, bien vivant quoi...

Alors, finalement...

Mais ça ne m'a pas suffit. Il fallait que je puisse le crier haut et fort, l'écrire et en garder une trace, une personne m'aura  jugé incapable de tailler un arbre correctement. 

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