Moment de chimio

Moments de chimio

Avant propos : 

 Ce billet ne parlera que de ce moment, avec le manque de recul que je pourrais avoir. 

Je ne sais même pas si je le relierai... Un jour... Mais pour avancer, il faut que je puisse oublier. Si j'écris, j'ne le l'ai plus dans la tête, alors, à défaut...

Lectrice, lecteur, tu es averti et libre de passer cet écrit.

Ma Doc Généraliste est exceptionnelle, je veux dire que je vais rarement la voir, parce que de prime abord, je ne suis pas si malade que ça, mais à chaque fois elle a la fâcheuse habitude de me trouver les pires trucs qui peuvent exister... La dernière fois, j'étais censé avoir la syphilis, c'est pour dire... Genre, elle me prépare au pire... Pour, finalement, pas grand chose...

Donc, à l'annonce d'une "probable tuberculose", je n'ai pas eu la peur de ma vie.

Au passage pour une radio, histoire de "confirmer", le Docteur radiologiste aura la délicate attention de me convier à le rencontrer pour échanger quelques instants...

A défauts d'échanger, j'ai pu essayer de traduire ; le Doc en question s'exprimant dans un bien meilleur Français que mon Polonais. Je comprends qu'il veut me revoir demain...

A priori, pas parce qu'il a envie de revoir ma gueule.

-Pas de maladies contagieuses visibles ? 

-Non.

C'est déjà ça.

Le lendemain, le scanner trouvera une masse de 140 mm. 

Je me dis que les millimètres Polonais sont peut être différents des millimètres Français et que ce n'est peut être pas grand chose...

Oui, la connerie, ça ne se soigne pas.

Une tumeur au niveau du poumon droit. 

Je n'ai jamais fumé, jamais bu une goutte d'alcool, respect de toutes les protections que je peux avoir... Bref, le sale coup que la vie m'envoie, direct dans le poitrail.

(...) 

Quelques jours après, autre hôpital. 

Biopsie, en gros trouver un bout de la masse exploitable pour la définir réellement.

La salle est lumineuse, l'ambiance est bonne, les trois infirmières et internes se préparent et préparent autour de moi, le tout dans une musique festive. Moi, immobile.

La saison approchant, j'ai l'impression d'être une huitre. Une huitre dont on va retirer le couvercle.

Le pire, ce n'est pas ça, le pire qui m'envahit rapidement c'est une peur. Et même pas ma peur, en tout cas si, mais pas que. 

Je dois me concentrer parce que la position sur le dos me fait affreusement tousser et la biopsie est dans mon cou, proche des endroits où dans les films les vilains tuent sans difficulté.  

Mes yeux sont fermés, fermement fermés, je souffle, me concentre, l'esprit cherche. 

Je me devine me concentrer et c'est le souvenir d'un de mes chevaux qui me ré apparait, sur une castration "différente" qui ne s'était pas bien passée, anesthésie trop légère, je voyais la peur dans ses yeux, dans son attitude.

J'y suis, je suis lui, ma peur, c'est SA peur.

Ma biopsie se passe forcément très bien, ma glauque concentration m'a été salutaire...

Histoire de ne pas rester sur un truc tranquille, et qui n'était pas "idéalement prévu aussi vite ", deux heures après, mise en place d'un picc-line, en gros un bout de tuyau de plus ou moins 50 cm pris dans

une veine ou plus gros... 

Idem, rebelote. 

Plus long, pas encore digéré le précédent... L'endroit est aussi plus glauque... ça ne m'aide pas. Dexter est tu là ?

Bien sûr, tout c'est bien passé pour un petit truc comme ça, mais quand on est une grande chochotte... 

Les jours passeront, j'aurais le droit de revenir auprès des miens, auprès de mes animaux, auprès de mes arbres.

Avant d'avoir mes 3 premiers jours de chimio à suivre. 

Les symptômes annoncés, oui, ils sont là. 

Retour à la maison, avant d'y repartir dans 7 jours puis ensuite 15, c'est à dire le jour de Noël.

Cette date semblait préoccuper la Doc de l'hôpital.

Entre nous, l'idée même de devoir faire la fête sans pouvoir la faire, de devoir faire semblant me rend peut être déjà malade. 

Alors, c'est un mal pour un bien. 

Un mauvais moment à passer : Qu'est ce que 6 mois de sa vie en pause, si ce n'est de pouvoir la reprendre correctement ensuite ? 

La suite viendra.