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Devant le vestiaire vide

Devant le vestiaire vide.

Samedi 27 septembre 2025. 23h30, Jonzac, Charente Maritime. 

Devant moi, le vestiaire vide d'une salle des fêtes ayant déjà bien vécue, derrière, une quinzaine de femmes sont, bruyamment, entrain de se changer, suite à leurs passage dans le théâtre à l'italienne qui jouxte cette salle.

Ce soir c'était une façon pour moi, une nouvelle fois, de crier à la face du monde, ma succession  de mésaventures, le scénario improbable de ma vie en perdition. 

Durant les 8 minutes de "seul en scène", sur cette scène ouverte, j'aurais fait rire des gens de mon malheur. Personne ne pouvant, un seul instant, penser que tout était vrai. 

La trahison, les mensonges sont les choses que je combats. Difficile de croire que les plus gros, les plus douloureux auront été chez moi, au sein même de notre foyer...

Les choses changent ; A priori, les gens aussi.

Une semaine avant cet exutoire, c'était un weekend de formation organisé par la Fédération Française de Bonsaï. Thème récurant, que j'affectionne, le Kazari.

Durant ces 3 jours, nous aurons pu entrevoir des présentations intéressantes, échanger sur les points à améliorer, comprendre que la ligne pouvait être franchie sans que cela porte préjudice et à l'arbre et à la présentation.

Le Kazari restant l'art de présenter nos arbres en tokonoma mais surtout comment occuper l'espace. 

Sur une scène de théâtre, seul, il faut pouvoir l'occuper, cet espace, le remplir et y laisser des vides, pour ensuite combler.

Occuper l'espace. 

Dans ma maison, que je continue de vider des souvenirs de Madame, qui n'est plus la mienne (de Dame), je trouve que le vide est intéressant, en tout cas dans certaines étagères qui s'étaient, c'est vrai, trop remplies avec nos 23 ans de mariage, mais le soir venu, que ce vide est troublant, oppressant, déprimant. 

Dehors, c'est l'automne qui arrive, ou pas : Un jours, il faut la doudoune, le lendemain, je ressort le short. Les feuilles du cerisier et de l'érable devant la maison tombent depuis quelques semaines déjà. 

Pour les Japonais, c'est cette saison de l'année qui est la plus propice à la méditation, en tout  cas à la compréhension du wabi - sabi, le passage du temps et le dénuement. 

J'avoues que cette année, celui ci aura un goût particulier. 

Occuper l'espace. 

Durant cette période, je n'aurais pas fait grand chose sur mes arbres, si ce n'est les arroser. La majorité ont trop poussé et à l'occasion d'une nouvelle saison pour notre petite association (mise en pause pendant ma chimio), il est grand temps de faire un peu de ménage dans les plus exubérants. Par un curieux hasard, cette première session se fera chez moi, remplissant ainsi ma maison de vie durant quelques heures, le tout avec des gens qui ont plaisir à se retrouver, discuter, et travailler sur les arbres. 

Occuper l'espace. 

Parce que de son "explication", la vie que nous avions était juste nulle, parce que elle m'a laissé son Facebook et que les personnes que nous avions en ami(e)s ne sont pas tou(te)s parti(e)s, je montre ma vie au quotidien... Chacun se fera son idée sur la nullité...

Occuper l'espace. 

De nos enfants, le plus jeune (15 ans ) est toujours à notre garde. Il est présent un week end sur deux ou bien lorsqu'il est au lycée. La vie devient alors plus "vivante". Notre relation s'est métamorphosée... Mes enfants occupent bien plus mon coeur et mon âme. 

Le Kazari, c'est occuper l'espace avec du plein et des vides. Montrer la beauté avec son écrin de vide.   

La vie, c'est ?  Vivre dans des pleins et des vides...